Demande versus Attente

Quand vous demandez quelque chose à quelqu’un (un service, une faveur, un dépannage,… peu importe la taille de la demande, son implication), quelle expérience faites-vous en cas de refus de votre interlocuteur, que ce soit votre conjoint, un collègue, un parent, un(e) ami(e), votre enfant?

Par exemple, vous déménagez et vous avez besoin d’un coup de main. Vous le demandez à un ami. Vous demandez à une collègue un changement d’horaire. Votre tondeuse est en panne. Vous demandez à votre voisin de vous prêter la sienne pour vous dépanner cette fois-ci.

La personne vous répond par la négative, peu importe la raison (elle a déjà d’autres engagements, elle a mal au dos, elle ne prête jamais ses outils même à vous, elle n’en a tout simplement pas envie,…).

J’aimerais analyser la structure d’une telle interaction entre 2 personnes
Le point de départ est: Je fais une demande avec un certain contenu à une personne.
 Quel que soit le contenu de cette demande, la personne va envisager les différentes options: oui / non et leurs conséquences. Le non peut vouloir dire que ce serait possible à un autre moment, dans d’autres circonstances, avec d’autres conditions,…
Ensuite, en fonction de ses valeurs, de son système de croyances, de ses peurs…, elle va se positionner en choisissant l’option qui a sa préférence.
 Et elle va me l’exprimer par oui ou non, par oui mais…, par non mais… ou par l’une ou l’autre variante…
Ce processus peut être très rapide mais, bien souvent, il est peu conscient.

Si la réponse est affirmative, je suis contente. Tout va bien.
Si la réponse est négative et que je suis ok avec son refus. Tout va bien.
Mais si, par contre, je vis le moindre soupçon de déception, qui peut aller jusqu’à de la tristesse, voire de la colère (exprimée ou non), ma demande n’était, en fait, pas vraiment une demande. J’étais plus exactement dans une attente vis-à-vis de l’autre.

Quel est le problème derrière cette déception, derrière cette attente?
Avoir une attente sur l’autre
, cela revient à avoir un projet sur l’autre. Je m’attends, souvent subconsciemment, à ce qu’il réponde favorablement à ma demande, le contraire n’étant peut-être même pas dans mon référentiel. Je suis déçue par la réponse mais ma déception pourrait aller jusqu’à la personne même (« C’est un ami, il pourrait quand même m’aider » ou « Je l’ai déjà tant aidé, il pourrait me rendre ce service, il m’est redevable »).

Si je regarde cette situation en tenant compte de nos 7 Besoins Fondamentaux (Sécurité, Repères, Liberté, Amour, Cohérence, Sens, Réalisation), « avoir une attente » va à l’encontre du Besoin de Liberté de l’autre: je ne laisse pas l’autre libre d’assumer, de satisfaire son Besoin de Liberté en se positionnant, en exprimant sa préférence.

« Être déçue » équivaut aussi à ne pas accepter le positionnement de l’autre. Là, c’est moi qui ne suis pas dans les conditions pour satisfaire mon Besoin d’Amour car un des 2 aspects dans la satisfaction du Besoin d’Amour est d’être capable d’accepter l’autre sans condition, en d’autres mots, d’être capable d’amour inconditionnel. Dans une déception, il y a toujours une attente, une sorte de condition et, donc, il n’y a pas d’amour inconditionnel. Par ailleurs, cette condition se rapproche d’un jugement, comme s’il y avait, à mes yeux, une bonne réponse (celle que j’attends) et une mauvaise (celle qui me déçoit).

Avoir une attente sur l’autre signifie aussi que je remets ma vie, mon Bonheur entre les mains de l’autre. Il répond favorablement, je fais une expérience agréable. Il répond défavorablement, je suis déçue, je fais donc une expérience désagréable.

Je ne peux pas contrôler ni maîtriser la réaction de l’autre. Je peux bien sûr devenir capable de lâcher-prise face à la réaction de l’autre. Mais, ce qui est encore plus précieux et plus enrichissant, c’est de travailler à partir de mon expérience. L’expérience que je fais ne dépend jamais de l’autre mais uniquement de ce que j’ai dans ma tête, dans mon filtre, dans mon système de croyances. L’autre, dans la situation, est un déclencheur. Cela va éveiller quelque chose en moi (une peur, une résistance, une incohérence par rapport à mon système de croyances) qui va faire que je vais vivre telle ou telle expérience. Si j’accepte qu’une expérience désagréable est un message par rapport à une décision disharmonieuse qui découle d’une croyance disharmonieuse (c’est-à-dire qui va à l’encontre de la satisfaction de mes Besoins Fondamentaux et donc, également de la manifestation de mon potentiel), la seule chose à faire est de travailler ce qui est en mon pouvoir: changer mes croyances disharmonieuses, appelées en Alignement, « dystropiques ».

Mais si je suis déçue, en quoi suis-je déçue? de quoi ai-je peur?
Cela pourrait signifier:
1 – « S’il dit non, c’est que je n’ai pas beaucoup d’importance à ses yeux, il ne m’aime pas vraiment » et cela confirmera sans doute une croyance à propos de moi: « Je ne suis pas quelqu’un d’intéressant, je n’ai pas beaucoup de valeur ». Tant que je n’aurai pas fait le travail de Transmutation (avoir identifié l’origine de la mise en place de cette hypothèse, de cette croyance, qui découle toujours de l’interprétation d’un évènement du passé et, ensuite, avoir pu mettre en place une nouvelle interprétation qui est plus « juste » dans le sens de « qui va me permettre de satisfaire, avec qui je suis aujourd’hui, plus harmonieusement mes Besoins Fondamentaux »), cette expérience désagréable fera toujours partie de moi et sera réveillée chaque fois qu’une personne répondra défavorablement à une demande de ma part ou dans d’autres circonstances.
Quand j’aurai mis en place une nouvelle hypothèse à propos de moi, c’est-à-dire une nouvelle croyance, ma valeur ne sera plus remise en cause chaque fois que j’ai un retour « négatif ». Ma valeur, mon « image-de-soi », ma confiance découleront d’une impression qui viendra de moi, au plus profond de moi, et non plus de l’extérieur.

2 – Ou je peux avoir la croyance que « Un ami, il est toujours là pour t’aider, sinon ce n’est pas un ami ». Dans ma famille, l’amitié est sacrée. Dans ce cas-ci, j’ai absorbé cette hypothèse à propos des relations dans mon propre référentiel. Je n’ai jamais remis cela en question. Maintenant que j’ai conscience de l’existence des Besoins Fondamentaux pour moi et pour les autres, je me rends compte que ma colère est une attente sur l’autre, qu’elle découle de ma croyance qui, en fait, ne respecte pas le Besoin de Liberté de l’autre, ni mon Besoin d’Amour. C’est à moi maintenant de me positionner avec qui je suis aujourd’hui. Qu’est-ce que je préfère? Quelle est l’hypothèse qui va aller plus vers la satisfaction de mes Besoins Fondamentaux et de ceux de l’autre, et, par conséquent, vers mon bonheur et vers le sien: garder « Un ami est toujours là pour t’aider sinon ce n’est pas un ami » ou faire l’expérience d’une relation basée sur le respect des Besoins Fondamentaux de chacun?
Avec cette dernière option, lors d’une nouvelle demande, j’aurai conscience des réponses possibles: oui / non, et j’accepterai la réponse, quelle qu’elle soit.

3 – Ou bien je pourrais me dire: « Moi, je n’oserais jamais dire « non ». Qu’est-ce qu’on va penser de moi? Que je ne suis pas quelqu’un de fiable? Que je suis une égoïste? ». Mais, au fait, si je suis incapable de dire « non », quelle est la valeur de mon « oui »? Il ne sera pas toujours « vrai ». Dans ces conditions, il m’est difficile d’être authentique. Je ne suis peut-être plus très en contact avec mes besoins puisque les besoins de l’autre ont toujours été plus importants que les miens.

Tant que je ne découvre pas ce qui se cache derrière cette expérience désagréable, je serai toujours sous l’emprise des traces « dystropiques » de mon passé. Il m’est impossible d’être qui je suis vraiment, d’avancer vers quelque chose de plus harmonieux pour moi et les autres. L’autre n’a rien à voir avec ces traces dystropiques. Il va souvent, involontairement, éveiller une de ces traces. Et je vivrai une expérience désagréable…

Et vous, faites-vous de « vraies » demandes ou avez-vous des attentes qui cachent un projet sur l’autre, avec le risque d’être déçu(e)?
Si vous êtes souvent déçu(e), demandez-vous honnêtement ce qui se cache derrière cette déception.
Et, si votre demande n’a pas été rencontrée, n’oubliez pas de lui trouver une autre solution…
Je suis profondément convaincue que chaque expérience vécue comme désagréable est un message à propos d’une croyance dystropique à transmuter.

Ce regard sur la vie n’est pas toujours confortable mais tellement libérateur

Axelle De Brandt

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    Un commentaire sur cet article :

    1. Faby :
      2017-03-12

      La lecture de ces processus de fonctionnement me rappelle les anciennes habitudes…
      Oui, la description de nos processus intérieurs est claire et aidante pour qui désire changer un comportement inutile et souvent douloureux…
      Alors bonne lecture et… processus de changement pour plus de liberté et d’amour inconditionnel!
      Faby

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